mercredi 18 juillet 2012

Jeudi 28 Juin, Etape 10 : La Flégère - Les Houches

La Flégère (1877m) -> Les Houches (1005m)

La Flégère aux Moussoux : 8,8kms 3h 146D+ 987D-, puis bus des Moussoux aux Houches...


De nouveau réveillés avant l'heure après une bonne nuit ! Le refuge est en bois et on sent bien les vibrations des pas des gens qui passent dans le couloir. Super petit déj, machines expresso avec café en grains moulus à chaque tasse, et en plus du traditionnel pain/confitures/miel on a droit à un croissant, petit luxe bien apprécié en ce dernier jour. Les critiques trouvées sur Internet avant le départ concernant ce refuge étaient moyennes, nous on a vraiment bien aimé, les 2 jeunes qui servent sont bien sympas, et l'ambiance est agréable, il faut dire que c'était loin d'être plein ce qui change peut-être la donne.
On prend notre temps et on profite, la dernière étape s'annonce courte et sans difficulté.
On se met en route à 7h45, et je sens dès les 1ers mètres la douleur déjà ressentie sur la fin la veille, ça tire au dessus du genou. J'essaie d'avancer sans y penser, ça s'atténue un peu sur les passages moins pentus mais la douleur devient de plus en plus présente... Philippe me conseille d'augmenter la taille de mes bâtons et porte mon sac mais rien n'y fait. Je suis un peu inquiète mais surtout déçue de terminer dans ces conditions, je réalise que ce sera impossible pour moi d'aller jusqu'aux Houches à pied malgré ma détermination, je vais devoir prendre le bus... J'ai l'impression d'avancer à 2km/h et Philippe attend gentiment, en essayant de me faire rire, ce qui n'est pas gagné !!! 



On arrive à Chamonix et au moment où on aperçoit un arrêt à moins de 100m on voit  un bus en repartir... Le suivant est 1h après mais de toute façon ils ne vont pas aux Houches ! On continue dans le centre, dans la rue piétonne on tombe sur une pharmacie, mais la dame me rétorque que j'arrive à peine à marcher et ne veut rien me donner, elle veut m'envoyer chez un médecin quelques rues plus loin qui fait des consultations sans rendez-vous. Je me vois mal perdre du temps maintenant, je lui explique qu'on va prendre le bus pour les Houches et lui demande la direction, elle me dit qu'il faut remonter toute la rue mais a l'air inquiète de me laisser partir comme ça... Je la rassure en lui disant que j'ai mes bâtons et que la pause m'a fait du bien, ce qui est vrai. On repart donc en passant devant la zone de départ  du Marathon du Mont Blanc et de l'UTMB, on continue en sortie de Chamonix et cette fois-ci on tombe sur le bon arrêt, le bus passe 5 minutes après, tout s'arrange ! Et en plus il ne nous fait pas payer. On finit donc ces derniers kilomètres en bus, qui nous arrête juste en face du parking. Bizarre de revenir là, on a l'impression d'être partis depuis une éternité... On pose les sacs et on change de chaussures, de nouveau une petite photo pour boucler la boucle !


Les vieilles chaussures de trail de Philippe finissent tout de suite à la poubelle, les fixations ont craqué dans la semaine (heureusement que sur les conseils avisés d'un collègue j'avais pris des lacets de rechange !) et elles ont pris l'humidité... Quelques achats de spécialités locales dans un magasin de souvenirs, et on se pose à la terrasse d'un resto pour se boire une bière et manger... Un peu de mal à réaliser que c'est fini !
Ma déception est passée, mieux vaut que ce soit arrivé juste à la fin, qui plus est sur une partie moins intéressante, qu'en plein milieu du tour.

On aura vécu une belle aventure, avec une météo plus qu'agréable, dans de super conditions, fait de chouettes rencontres, on s'en est mis plein les yeux et on gardera de beaux souvenirs en tête... Le son des cloches des vaches et moutons, le bruit des cascades et torrents, les odeurs de résineux en sous-bois, le bleu du ciel, le blanc des sommets enneigés, le vert de l'herbe dans les alpages, le jaune, violet et bleu des fleurs... Bien contents d'être partis en juin, même s'il restait encore pas mal de neige, sentiers quasiment déserts, période de pleine floraison. On aurait pu boucler le tour en moins de jours, certainement jouable sur 8, mais on avait préféré être prudent pour une première fois; et on aura pu en profiter plus longtemps, et bien souffler l'après-midi pour être d'attaque le lendemain. Impression de déconnexion totale en journée, en communion avec la nature, seuls au milieu de panoramas grandioses, contents de retrouver les autres le soir et de pouvoir se raconter nos journées respectives. Satisfaits de notre équipement, pas trop de choses superflues dans les sacs (8 à 9kgs avec eau), pour une 1ère on s'en est bien sortis ! Et c'est sûr on repartira en randonnée, ici ou ailleurs !!!

lundi 16 juillet 2012

Mercredi 27 Juin, Etape 9 : Tré-le-Champ - La Flégère

Tré-le-Champ  (1417m)-> La Flégère (1877m) avec aller et retour au Lac Blanc (2352m)

12,6kms 5h13 (Topo-Guide hors Lac Blanc : 3h55) 1100m D+ 639m D-

Réveil à 7h, avec les médicaments Philippe va mieux même si ça tire encore dans l'épaule. Petit déj dans une ambiance agréable, le soleil est revenu, c'est nettement plus motivant pour se mettre en route. 
On a décidé hier soir de faire l'aller-et-retour au Lac Blanc, ça permettra de rallonger un peu la petite étape de 3h40 initialement prévue, et il paraît que ça vaut le coup d'oeil. 
Tré-le-Champ

Départ 8h05, dès le début ça grimpe fort (on doit aller 1000m plus haut !) et il fait vite chaud. 

Mais pour compenser on profite de panoramas sublimes, on apprécie de retrouver soleil, ciel bleu et montagnes enneigées après les passages plus herbeux ou rocailleux en Suisse.
Ludo et Hervé : voilà ce qui vous attend !

Vers 2000m d'altitude, au détour d'un chemin on tombe sur un bouquetin qui se laisse approcher et photographier. 

Petit arrêt pour profiter de la vue, on se remet en route et on croise 3 trailers, 2 gars et une fille, qui tournent à un bon rythme en papotant tranquillement en anglais. Et dans le lot il y a Killian Jornet, pas le temps de réaliser qu'il est déjà passé , juste pu le prendre en photo de dos et de loin... Quant à la fille je découvrirai au retour en lisant son blog qu'il s'agit d'Anna Frost !

La pente s'est adoucie, ça ne fait pas de mal. 






A la Tête-aux-Vents on retrouve le groupe de lorrains et le couple de coureurs (on a longuement discuté avec le monsieur le matin avant de se mettre en route), ils ont pris le GR avec échelles et cordes. On part vers le Lac Blanc et on retombe sur des bouquetins juste au bord du chemin !


Lacs de Chéserys

Quelques photos du lac des Chéserys, ensuite la pente s'accentue, marches assez hautes et échelle; passage toujours délicat pour moi mais heureusement court. Traversée de névé bien pentu, la neige est molle et ça glisse, mais ça valait le coup d'en baver, le paysage est somptueux, le lac est encore enneigé sur une bonne partie, et aux endroits où c'est fondu l'eau semble très bleue. 



On approche de la fin de matinée et il y a de plus en plus de monde. On rebrousse chemin au lieu de rejoindre directement la Flégère, repérage UTMB oblige. On aperçoit le refuge au loin, on finit tranquillement sans se lasser des paysages. 



Aiguille du Midi
Je reconnais une partie du parcours du Cross du Mont-Blanc, la fameuse montée entre Argentière et la Flégère, on prend la fin pour arriver au refuge. 
On se pose au soleil en terrasse, puis on s'installe dans le dortoir de 5 places encore vide(2x2 lits superposés + 1 lit simple), douche puis retour au soleil pour une tarte aux myrtilles et un café. 
Et on y passe une bonne partie de l'après-midi, tous les gens qui dorment là semblent terminer leur tour le lendemain et l'heure est au bilan et à la nostalgie ! On apprend que l'eau n'est pas potable, ils vendent des bouteilles d'eau, la serveuse explique à un randonneur qu'il peut remplir son camelback plus loin sur le parcours, il y a une source à la Charlanon. Petite animation avant le dîner, la tempête d'il y a 6 semaines a arraché une partie du toit et un hélico vient livrer les nouvelles tôles et récupérer les anciennes, on profite du spectacle pendant les quelques allers-et-retours. 

Le temps nous semble interminable jusqu'à 19h tellement on a faim, on décompte presque les minutes ! Placés à table avec un jeune couple qui finit également son TMB, et nos 2 compagnons de chambre : un suisse allemand déjà avec nous la veille et un gars qui a déjà fait la CCC, et avec qui Philippe a discuté dans l'après-midi. Gratin de pommes de terre, fromage, au choix en dessert : mousse au chocolat ou fromage blanc aux myrtilles. Eau en bouteille mais gratuite heureusement ! On règle la note après avoir discuté un moment et on monte se coucher vers 21h, le suisse allemand dort dans un gros duvet et nous demande si on peut laisser la fenêtre ouverte... Allez profitons du bon air pour notre dernière nuit, je m'emmitoufle bien dans ma couverture... et m'endors vite !

dimanche 15 juillet 2012

Mardi 26 Juin, Etape 8 : Trient - Tré-le-Champ

Trient (1297m) -> Tré-le-Champ (1417m)

16,4km, 4h31 (Topo-Guide 5h15), 1119m D+, 1002m D-

Le réveil sonne à 7h mais on a déjà émergé; beaucoup se sont levés avant, le petit déj démarrait à 6h30, on descend à 7h30, c'est en self service et on est obligé d'attendre qu'ils refassent le plein.
Le ciel est gris mais le temps semble assez changeant. On décolle à 8h05, en short et coupe-vent, on rattrape les 4 parisiens rencontrés régulièrement sur les chemins et dans les refuges depuis les Mottets, on discute un peu, eux redescendent sur Chamonix le lendemain. On se sépare, la variante par Vallorcine démarre quasiment dès le début. On attaque un sentier en sous-bois qui grimpe bien (on part de 1300m pour monter à 2000m) mais au bout de quelques kilomètres le chemin est dévié, ils sont en plein bûcheronnage. Les troncs entiers descendent par câble, impressionnant de voir la machine qui les manipule et enlève branches et écorce, et débitent en grosses bûches en très peu de temps. On doit redescendre un large chemin sur 500m et reprendre un petit sentier en lacets archi raide, 300m de dénivelé sur 1km ! 
Début de la déviation du GR !
On double comme d'hab les lorrains, et on retombe enfin sur le GR, ça s'adoucit un peu. On émerge dans un alpage et le chemin devient plus plat.



Mais le vent souffle de nouveau, l'air est frais et la pluie revient, on renfile donc les coupe-vents enlevés dans la montée. Plus personne depuis des kilomètres, les nuages sont bas, accrochés aux montagnes. On n'est pas mécontent de ne pas monter trop haut aujourd'hui, et on pense aux autres qui sont certainement dans le brouillard aux cols. Plus de grosse difficulté après la montée costaud du début, mais il faut faire attention par moments où on met les pieds, à cause des pierres. 

Panorama sur Vallorcine
On passe la frontière française sans s'en apercevoir, nous voilà à nouveau en sous-bois, puis on attaque une descente plus technique jusqu'à Vallorcine où le soleil semble percer, il y a moins de vent et il fait meilleur. 
Vallorcine

On remonte doucement jusqu'au col des Montets, à nouveau on retrouve pas mal de randonneurs. Petite pluie fine puis plus soutenue, le vent souffle à nouveau, on remet les coupe-vents pour finir. Au col il nous reste 10 minutes; on prend le sentier botanique et on descend dans le hameau de Tré-le-Champ, on reconnaît l'endroit pour y être venus il y a 2 ans encourager les coureurs du Marathon du Mont-Blanc, on n'imaginait pas à l'époque revenir pour cette belle aventure. 
Gîte La Boërne
Tré-le-Champ
Le hameau est très joli, et le gîte encore plus ! Rustique, tout en bois, décoré d'outils anciens, il y a même un séchoir, nous avons un "dortoir" de 3 places pour nous 2, petit mais chaleureux. 
Notre chambre

Le séchoir

Un des dortoirs
On prend une bonne douche chaude, appréciable après la pluie, et on redescend manger dans la salle. Assiette charcuterie-fromage pour Philippe et tarte salée tomates-oignons-lardons pour moi, le tout avec une bière et un café, on se régale. La pièce est très agréable, baie vitrée donnant  sur les chalets en bois, fond musical, BD et bouquins à disposition, le genre d'endroit où on se sent instantanément bien pour passer quelques heures en regardant la pluie tomber dehors. Arrivée des lorrains en milieu d'après-midi, ça fait tout de suite plus d'agitation. Philippe a du faire un faux mouvement, il traîne un genre de torticolis depuis 2 jours, il a droit à son petit massage, je le laisse se reposer. Les prévisions météo sont bonnes pour les jours à venir, ils annoncent chaud voire très chaud, ça devrait même tourner à l'orage d'ici la fin de semaine. Après avoir consigné le récit de la journée dans mon carnet je remonte dans la chambre, Philippe n'a pas l'air d'aller mieux, c'est même de pire en pire, il semble bien bloqué; ça promet pour les 2 jours restants ! Je descends dans la salle à la recherche de médicaments, un des lorrains me passe du Flector, une des serveuses du Nurofen, mais ça n'a pas l'air de faire grand chose...
Dîner comme d'hab servi à 19h, on est placé à table avec 1 suédois et 3 françaises. On discute avec la plus jeune, elle est des Houches et connaît bien le coin, son cousin a déjà fait la CCC et l'UTMB, elle nous renseigne sur l'itinéraire La Flégère-Chamonix-Les Houches. Autre fait "intéressant", sa mère a mal au genou et prend des anti-inflammatoires... De quoi soulager Philippe plus rapidement que de descendre le lendemain à la pharmacie d'Argentière ou Chamonix. Bon repas une fois de plus, toujours apprécié après une journée de marche : salade et carottes râpées, dinde sauce moutarde et riz, fromages et gâteau de pain perdu. On discute un moment avant d'aller se coucher.